Le Berry Entreprendre n°4

Edito de Didier Lagedamon

 1818-2018 -  L’ART DE LA TRANSITION

A l’image des turritopsis nutricula, ces singulières méduses capables d’alterner vieillissement et rajeunis­sement, Pillivuyt défie toutes les lois naturelles de longévité. Depuis le déclin du Premier Empire, le presti­gieux porcelainier de Mehun-sur-Yèvre incarne les arts de la table à la française.

Au fil des siècles, il a su repousser le processus de sénescence cellulaire. A coup d’innovations. En s’appuyant, encore et toujours, sur son propre savoir-faire. Un retour vers le futur bâti dès la moitié du XIX^e. Il rafle, coup sur coup, cinq médailles aux Exposi­tions universelles. Début du siècle suivant, il se singularise, cette fois, avec sa soupière Tête de Lion et sa tasse Bistrot. Elles sont entrées, de­puis, dans la légende.

Aujourd’hui, Pillivuyt ne renie tou­jours rien à son histoire. Le manufac­turier continue de faire du neuf avec du vieux. Il se confronte aux nouveaux modes de consommation. Passé maître dans la transition numérique, il redonne ainsi du sens à sa stratégie. En mode start-up.

Les héritiers de Louis Charles Pilli­vuyt misent désormais sur de plus petites séries à haute valeur ajoutée. A défaut de coloniser les eaux du globe, la vénérable manufacture a réussi à pénétrer l’Empire du milieu, gagner les rivages, outre-Atlantique, tout en s’invitant à la table de Du­casse. Le chercheur d’or blanc suisse peut reposer en paix. Sa progéniture a toujours envie de vivre. Furieuse­ment.