Massif Central N°147

A l’heure où le prix des billets d’avions flambe, où les fins de mois prennent pour beaucoup des allures de casse-tête et alors que la sortie des années Covid ne semble pas aussi évidente pour tout le monde, nous avons plus que jamais besoin d’évasion, d’autre chose. Cet ailleurs, ce sentiment de liberté, pas besoin d’aller au bout du monde pour le trouver, le savourer, s’en imprégner. Prenez l’Aubrac. Depuis des lustres, ses sentiers tracés dans un décor monacal unique constituent une des parties emblématiques de la Via Podensis, le chemin de SaintJacques de Compostelle qui part du Puy-en-Velay. Les paysages sont époustouflants, changeants, déroutants, et attachants, à l’image de ceux qui vivent et font vivre un « pays » qu’il serait franchement sot de réduire à ses seuls décors de carte postale et aux pèlerins et touristes qui les sillonnent. Des élèves du Lycée hôtelier de Saint-Chély-d’Apcher au chef doublement étoilé Cyril Attrazic ; des soignants mobilisés face à la désertification médicale aux guides accompagnateurs du plateau, sans oublier Raymond Capoulade et son inénarrable grenier : tous dégagent un attachement fort et revendiqué à un patrimoine commun qui ne demande qu’à être (re)découvert. Cette capacité à faire communauté pour mieux résister, on la retrouve sous une forme aussi poétique qu’inspirante avec le personnage de Céleste Arbol, enfant-arbre qui se déracine pour aller dialoguer avec les hommes. Conçue, au cœur de la vallée du Dolaizon (Haute-Loire), cette création culturelle, que nous fait découvrir le reportage de Corinne Pradier, mêle film d’animation en Stop motion et spectacle vivant. Elle donne la parole aux arbres et à leur « intelligence », leur faculté à prendre soin les uns des autres, sans distinction d’espèces ni d’essences. Un autre chemin pour s’évader autrement.​